La mascarade des Soufflaculs de Nontron qui a généralement lieu en avril, combine divers éléments carnavalesques : des facéties et un repas carnavalesque suivi d’un bal le samedi. Puis, le dimanche après-midi un défilé suivi du jugement et de la crémation de Carnaval. La déambulation est toutefois dominée par le rituel des « Soufflaculs ».
Les soufflaculs
Cette forme carnavalesque s’inscrit dans un rituel de circulation des souffles pour faire venir le printemps. Les Soufflaculs sont habillés et maquillés en blanc : bonnet blanc, chemise et caleçons, le visage blanchi par de la farine. De cent à trois cent selon les années, disposés sur deux files, ils portent chacun un soufflet. Depuis le début du XXème siècle, un personnage en frac noir et chapeau haut de forme guide le rituel et le devance avec un sifflet. L’évolution des Soufflaculs s’exécute en huit mouvements : s’accroupir, souffler au postérieur de celui qui précède, se relever, se retourner en faisant tourner le soufflet au niveau du visage ; s’accroupir, souffler au postérieur de celui qui suit ; se relever et, enfin, reprendre la marche. Dès qu’ils le peuvent, les Soufflaculs s’échappent du cortège et vont souffler sous les jupes des femmes.
Le défilé
Divers personnages récurrents participent aussi au défilé : faux curé, faux mariés, des vieilles dont la « Vieille Barreta » qui est une « vieille bouchée » qu’évoque la Chanson des Soufflaculs ; des travestis, des fous, le roi fainéant sur son char appelé Dagobert 1er, de faux pompiers, un soufflet–char qui souffle des confettis, des bébés et des moines. Deux gendarmes, un avocat et un procureur encadrent Bufador le guidant jusqu’au lieu de son jugement. Ce « souffleur » qui passe son temps à s’échapper des mains des gendarmes pour embrasser toutes les femmes, personnifie ici Carnaval. Il s’est substitué depuis les années 1990 à « Petaçon » figure connue dans tout le Périgord. Sur la place de la mairie, les Soufflaculs s’installent sur les marches où a lieu l’intronisation des élus comme membres de la Confrérie de la Sardine Valeureuse (des sardines séchées et puantes suspendues sur un cercle décoré).
Les Fous
Le samedi en fin de journée, les Fous, apparus dans les années 2000, avec des masques rouges à grand nez pointu, vêtus de blanc comme les Soufflaculs ; une religieuse et des moines se promènent dans la ville et commettent des farces : ils s’introduisent chez les habitants et se font servir à boire. Ils tiennent une grande échelle qu’ils utilisent pour monter aux fenêtres et utilisent un système de montée et de descente du vin avec une perche.
La forme des Soufflaculs, déjà attestée en 1850 à Nontron, est également présente à Saint-Claude dans le Jura, et sous forme résiduelle dans une trentaine de villages de l’Hérault. Déjà connue au Moyen-Âge, elle appartient à un vaste ensemble de pratiques répandues jusqu’en 1945 dans seize départements du sud de la France, particulièrement en Languedoc et en Provence. Le carnaval, tombé en désuétude à Nontron dans les années 1950, a été réactivé en 1979 mettant l’accent sur les Soufflaculs qui, au début du siècle, n’étaient qu’un élément parmi d’autres du carnaval et ne sortaient que le dernier jour, le Mercredi des Cendres.
L’ensemble du défilé est aujourd’hui animé par des bandas et des fanfares. La chanson des Soufflaculs, en occitan et français, est le ralliement emblématique du carnaval de Nontron. Répétée en divers moments du défilé, elle raconte les démêlés d’un soufflacul avec la Vieille Barreta : « Nous sommes tous enfants de la même famille, notre père était fabricant de soufflets… ». L’air de cette buffatière est très répandu dans l’aire linguistique occitane et catalane (Périgord, Languedoc, Provence, Catalogne).